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La méditation est une méthode d'innovation

Dernière mise à jour : 21 avr. 2023


La pratique de la Méditation de Pleine Conscience (ou Mindfulness) fait son chemin dans le monde du travail depuis les années 70. On vente ses mérites pour augmenter la concentration et réguler le stress.

La thérapie cognitive a adapté et simplifié l’enseignement bouddhique de la Troisième Sagesse, ou Bhavana-maya panna, pour proposer une méthode d’apaisement du stress, en prenant à contre-pied les thérapies traditionnelles qui s’élaborent sur l’idée que c’est au cœur de la pensée et du sens que se trouvent la compréhension profonde de soi et donc l’apaisement. A contrario, la méthode MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) que John Kabat-Zinn synthétise en 1975, propose de « lâcher » la pensée pour se rencontrer soi-même, en quelque sorte hors d’elle.

En se focalisant sur la façon dont nos pensées vont et viennent, s’agrègent et surtout se dispersent, nous devenons capables de sentir les respirations, les souffles qui les enchâssent comme des interludes de silence entre deux sons. Juste avant qu’une nouvelle pensée n’émerge et n’emporte notre attention, nous sommes suspendus dans un bref temps de vide intérieur. L’Art de la méditation consiste à se maintenir en suspension et à laisser ce vide se déployer pour révéler sa richesse.

Il s’agit de reprendre contact avec nos sensations, d’accorder notre attention non pas à ce que nous pensons d’une situation, mais à ce que nous vivons réellement dans cette situation.

Imaginons la situation suivante.

Mon client entre dans mon bureau et me signale virulemment qu’il n’est pas content de mon travail. Immédiatement, mes pensées se mettent en branle. J’analyse son expression faciale et évalue son degré de mécontentement, je repense à ce qui s’est produit et évalue la qualité de mon action passée, aussitôt j’envisage la suite, les conséquences plus ou moins graves que cet événement risque d’avoir sur mon avenir, mon confort mental et matériel. Le stress monte, prend le contrôle de mes perceptions, de mon expression et de mon action. Je pourrais même in fine lui abandonner le pilotage de mes fonctions vitales primaires (perte de sommeil ou d’appétit).

Et pourtant, il ne s’est rien passé dans ce bureau. Rien d’autre qu’un échange de mots. Tous les potentiels de résolution étaient disponibles, y compris celui d’un dénouement heureux et d’une amélioration significative de ma relation avec ce client – par exemple, si j’avais saisi cette occasion pour approfondir notre compréhension mutuelle et notre intimité.

Seulement, j’ai été prise de cours par le temps, ultra-rapide, de ma pensée. Je n’ai pas eu le loisir de laisser le vide se déployer avant d’être embarquée par le scénario suggéré mécaniquement par cette situation.

J’ai tué la créativité dans l’œuf. MA créativité, mais sans doute aussi la créativité de l’EXISTENCE en elle-même, cette créativité naturelle des faits qui – si je lui en donne la chance – m’offre les retournements les plus propices, les surprises les plus amusantes, les rencontres les plus inattendues.

Mes pensées réduisent la réalité. La méditation lui rend son amplitude en élargissant ma conscience au-delà de ma conscience pensée.

C’est pourquoi la méditation ne devrait pas être seulement considérée comme un remède au stress mais bien plus largement – comme le préconise la tradition indienne – comme une voie de créativité globale, pour mieux comprendre le monde autour de nous et à l’intérieur de nous.

Apprendre à déployer le temps intérieur, c’est ouvrir l’espace de l’inspiration, cet espace dans lequel ma conscience entre en frottement avec l’immédiateté du monde et se laisser fertiliser, informer par lui. C’est dans cet espace qu’apparaît l’inattendu, l’impensé, le hors-champ.

C’est à cette source que nous pouvons venir puiser, non seulement individuellement, mais aussi collectivement pour élaborer des propositions nouvelles d’être et de faire.

Les méthodes d’innovation proposent toutes plus ou moins de nous orienter vers cet état d’inspiration, à grand renfort de « pas de côté », de « rupture » et de « décalage ». Et si plutôt, il s’agissait de vivre le calme intérieur pour entendre ce qui est déjà en train de nous parler, la voix des innovations qui attendent à travers nous leur réalisation dans le monde.

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